stop maltraitance animale

A bride abattue

à ce rythme, le dernier combat de Brigitte Bardot ne devrait pas avoir le temps de prendre trop de rides. L’idole des sixties tout juste lancée vers une nouvelle croisade («Un cheval ça ne se mange pas») voit arriver quelques alliés inattendus. Pas dans les rangs des amis des bêtes, non, mais au cœur même de la filière en question. Il n’y aura pas de jaloux. Propriétaires, maquignons, vétérinaires, intermédiaires, chaque corps de métier semble être intéressé par ce nouveau scandale mis au jour après la multiplication des contrôles hérités du fameux feuilleton des lasagnes.

Moins d’un an après, on ne nous a pas fait prendre des canassons pour des taurillons (depuis que ces derniers n’ont plus de cornes, l’erreur est devenue humaine), mais des chevaux de labo ou d’équitation pour des bêtes comestibles. Nous restons sur le même animal nous direz-vous, mais un animal potentiellement impropre à la boucherie. L’enquête, de Narbonne à Gérone, de Maurs à Montauban nous le dira. Cette histoire sortirait alors du cadre précédent de la tromperie sur la marchandise pour prendre une tournure sanitaire beaucoup plus inquiétante.

Paradoxalement, la boucherie chevaline (en 10 ans leur nombre en France est passé de 1 500 à 700) avait apprécié un regain de popularité après les affaires de l’hiver dernier.

Par un étonnant effet de curiosité peut-être, ou de solidarité, des clients avaient retrouvé le chemin d’échoppes oubliées et relancé en partie un secteur en difficulté. Le cheval (dont la dégustation vient de trouver une surprenante avocate outre-Manche, la princesse Anne en personne !) n’entre que pour 2 % (30 000 tonnes environ) dans la consommation de viande de notre pays. Les morceaux, moins gras, savoureux, riches en fers et en protéines, si souvent vantés par nos grands-mères peuvent pourtant être de grand choix, comme la fameuse poire, facturée plus de 50 € le kilo !

Les chevaux en question aujourd’hui, déviés de leur retraite promise pour un arrêt brutal et définitif à l’abattoir présenteraient notamment des dangers pour la moelle osseuse humaine en raison des nombreux traitements anti-inflammatoires subis tout au long de leur carrière. À 500 € en moyenne, le prix d’un mois de pension, plus les frais de piqûre et d’incinération (au moins 1 000 € chacun), l’addition peut parfois venir à bout des consciences les mieux armées. Des cœurs les plus tendres. Et pour quelques poignées de billets (encaissés ceux-là), on se sépare de l’animal.

Patrick Louis   http://www.ladepeche.fr/